Les propriétaires et fermiers

Avant la révolution les forges de la Hunaudière appartiennent au seigneur du lieu, celui-ci ne les exploite pas directement, il les mets en affermage. Le fermier qui exploite le site est ainsi lié par un bail avec le propriétaire.

Après la révolution le propriétaire de la forge l’exploite directement.

Les propriétaires

D’après l’abbé Goude (légendes du Pays de châteaubriant), les forges de la Hunaudière auraient été rénovées en 1557. Au début XVIIe les forges de la Hunaudière sont en exploitation. Le seigneur de Sion, dont la famille possède la seigneurie depuis 1526, Henri de la Chapelle, en est le propriétaire. Sous Henri IV, il obtient l’érection de Fougeray en marquisat. Cette famille, protestante, participe à l’implantation du calviniste dans la région de Châteaubriant. Henri de La Chapelle petit fils de Louis s’engage dans les combats de la Fronde. Il meurt en 1652 faubourg saint Honoré. C’est peut-être aussi, à cause de ses problèmes financiers que son fils voit ses biens saisis en 1683. Ils sont mis en adjudication, et c’est François de Créquy, Marquis de Marines (1629-1687) dit « Maréchal de Créquy » et à sa femme Catherine de Rougé (1641 – 1713) qui les acquiert.

Auparavant, en 1660, Henriette de La Chapelle, sœur de Henri de la Chapelle, hérite de la châtellenie de Sion excepté le fief de Limèle et les Forges de la Hunaudière, sauvant ainsi ce qu’il est encore possible de sauver de la châtellenie de Sion.

 Après le décès de son mari, Catherine de Rougé s’occupe des biens situés en Bretagne, A son décès en 1713, ses enfants étant décédés sans descendance, c’est son neveu Louis de Rougé, fils de son frère Jean Gilles de Rougé, marquis du Plessis Bellière, qui en hérite. Puis à son décès en 1732, c’est sa sœur Innocente de Rougé qui en devient la nouvelle propriétaire.

 En 1748, elle revend l’ensemble de la seigneurie à l’armateur malouin Charles-Jean Locquet de Granville. Il conserve le marquisat de Fougeray, les Forges de la Hunaudière et le fief de Limèle, mais revend, en 1749, la baronnie de la Roche Giffard à Marie Anne Baugin, veuve de Guy de Lavau ancien maître de forge de la Hunaudière.

 Le 4 janvier 1776, Louis Joseph (1736 – 1818), Prince de Condé, achète à Charles-Jean Locquet de Granville le fief de Limèle et les Forges de la Hunaudière. Il engage un programme de rénovation des forges qui s’achève en 1785. Il part en exil le 17 juillet 1789 vers Turin, puis plus tard à Coblence. Il finit son exil à Wanstead, quartier à l’est de Londres, et revient en France en 1814. Le 26 mai 1786 Jacques-Gabriel-Louis Le Clerc, marquis de Juigné et de Montaigu vend la châtellenie de Sion au Prince de Condé, au profit des Forges de la Hunaudière, pour éviter d’éventuelles contestations sur le cours d’eau et de prévenir l’établissement d’usine au dessous des forges.

 A la révolution, en 1792, suite à la confiscation des biens des émigrés, les biens du Prince de Condé deviennent biens nationaux. Ils sont revendus en 1802 aux sieurs Allot, Mauclerc (maire de Sion) et Maudhuit.

 Elle est revendue en 1809 à François Demangeat (1758 – 1827), vosgien, avocat à Colmar et fervent défenseur de la révolution, nommé régisseur d’Indret le 22 octobre 1793. Pour répondre au besoin en fonte, afin de pallier à l’absence de fonte anglaise et pour les besoins de la marine, François Demangeat sera nommé régisseur des Forges de Moisdon la rivière le 20 avril 1794, pour augmenter la production de fonte.

 En 1852 elle est vendue à Poydras de la Lande, armateur à Nantes. Cet investissement fait par cet armateur nantais est plus forestier et foncier qu’industriel. En effet les forges de la région n’ont pas évolué comparativement à celles d’autres régions de France et sont vouées à une disparition certaine. A partir de l’achat par l’armateur nantais, la forge fournit uniquement de la fonte au Forges de Basse Indre, elle s’arrête en 1865. Mais les conséquences de la Guerre Franco prussienne et une grande grève de la métallurgie Anglaise, qui fournit alors une fonte de mauvaise qualité va entrainer le haut fourneau des Forges de la Hunaudière a redémarré en 1873, en utilisant du minerai extrait de la mine de la Haute Noe mélangé à du minerai d’Espagne.

La métallurgie s’arrête définitivement en 1883.

Les Fermiers

Le fermier doit acheter les matières premières, assurer le bon fonctionnement du site, gérer les stocks, et déterminer et financer les nouveaux investissements.

Ainsi lors de l’achat des Forges de la Hunaudière par le prince de condé en 1776, le montant de l’achat, 120 000 livres, fut payé par les fermiers Claude Marie Picot de Coëtual et Louis Gérard Malherbes receveur générai des fermes de Bretagne, cette somme venant en déduction des loyers futurs. Ils exploitent les Forges de la Hunaudière de 1776-1795.
Dans le bail, d’une durée de 9 ans, les obligations du fermier sont précisées.
La surface de l’affouage, par année, est de 240 journaux (120ha) pour la Hunaudière et la gestion des coupes de bois, qui doivent être réalisées entre 18 et 25 ans, donne obligation de laisser 16 baliveaux par journal. Le fermier peut disposer de 4 à 18 arbres, suivant les baux, pour l’entretien et les réparations de la forge. Il oblige aussi le fermier à reconstituer les zones abattues.
Le fermier doit aussi assurer la gestion de l’eau et éviter les inondations. Pour le site de la Hunaudière le fermier est responsable des dommages, si le niveau de l’eau dépasse un niveau fixé en 1720.
Le fermier bénéficie d’un certain nombre de droit. Il peut extraire minerai et castine sans payer de droit de terrage. Il a droit de pêche et droit de chasse sur les terres du propriétaire ainsi que d’y faire paître les chevaux.
Un état des lieux est établi lors de chaque début et fin de bail, obligeant ainsi le fermier à entretenir le site.
Par contre, le propriétaire s’engage à ce qu’aucune autre forge ne soit construite dans un périmètre de 2 lieux autour de la forge.
L’exploitation d’une forges est risquée mais très lucrative pour le fermier.